On ne choisit pas sa famille
- Marie Lyne
- 8 janv. 2018
- 3 min de lecture

Tout se répare, mais ça restera toujours fragile
C’est arrivé. C’est comme ça.
On ne cherche pas à couper les liens avec sa famille.
Ça ne me semble pas naturel de le faire. Dans tous les cas, je n’ai pas cherché à le faire ces 46 dernières années.
La situation s’est détériorée en premier avec mon frère et la contagion s’est répandue à ma relation avec mes parents.
Mon frère a décidé de ne plus m’adresser la parole. Pourquoi? Je ne sais pas trop… je m’en doute, mais je n’ai jamais eu l’heure juste. La famille éclatait alors et mes parents, tristes devant tout ça, essayaient de réparer ce qu’ils n’avaient pas à arranger : la situation entre mon frère et moi ne les regardait pas.
Ce qui s’était passé entre mes parents et leurs frères et sœurs il y a plus de 30 ans se reproduit avec leurs propres enfants : leurs deux seuls enfants, comme ils savent bien me le rappeler. Dans toute cette situation, je ne cherche plus à trouver de coupables.
Au début, je l’ai mal vécu. Je me sentais responsable de la rupture entre mon frère et moi, croyant que tout dépendait de moi : que je devais tout réparer ou changer pour plaire à ma famille et ne pas la déranger et ne pas la faire éclater.
J’ai passé toute ma vie à essayer de plaire à ma famille; à être une autre personne. Pour me faire aimer par celle qu’on dit être la base de notre vie; la chose la plus importante dans notre vie; celle qui est toujours là pour nous.
Pendant des mois de réflexions et d’essais à rapailler le tout, j’ai finalement jeté la serviette. Ma famille n’allait pas échapper à la triste et similaire réalité de celles de mes parents. Je n’empêcherais pas ma fille de connaître davantage son oncle, sa tante et ses cousins et ses grands-parents, mais moi, je ne veux plus faire partie de cette vie. De toute façon, je n’ai jamais senti ma place dans celle-ci.
Suis-je triste… non. La tristesse était le sentiment au début du processus. Maintenant elle a fait place à la sérénité. J’ai fait la paix avec moi; avec la situation. Je ne suis pas un monstre : je suis moi et je tente de m’améliorer. Je crois en l’erreur et je crois en la possibilité de les réparer. Si les gens ne m’ont pas donné cette opportunité, j’en suis profondément désolée pour eux.
Je ne veux plus plaire à tout le monde. Je pensais qu’une famille nous aimait coûte que coûte… j’avais tort. Il me reste maintenant toujours en tête que nous ne choisissons pas notre famille, mais nos amis. Les miens sont un cadeau du ciel. Ils voient en moi la vraie Marie-Lyne qui s’est cachée derrière un personnage pendant tant d’années pour plaire à ses parents. J’aime beaucoup cette phrase du film « Big Fish » de Tim Burton : la vérité, c'était que je ne me reconnaissais pas en mon père. Et je ne crois pas qu'il se reconnaissait en moi. Nous étions des étrangers qui se connaissaient très bien.
Je dirais même que je n’étais pas la fille espérée pour mes parents et qu’ils n’étaient pas les parents espérés par moi. Ils connaissaient bien celle qu’ils auraient voulu que je sois. Mais la vraie Marie-Lyne : Ils n’ont pas pris la peine de l’apprécier et de la laisser grandir devant leurs yeux.
Ce recul m’a permis de découvrir qui je suis, de développer ma propre pensée et de savoir ce que j’aime et où je veux aller. J’ai un passé qui explique d’où je viens pour mieux aller de l’avant. Mais ce passé n’est pas une carte routière de mon futur. J’apprends avec mon passé, mais je me bâtis un futur à mon goût.
Je poursuis ma route et je laisse de la place à ceux qui veulent prendre place à l’aventure avec la vraie MOI.




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